Le 18 mars dernier, les administrateurs de biens et syndics de copropriété ont manifesté dans la rue pour la 1ère fois de leur histoire. Bien que peu médiatisé, l’événement mérite d’être souligné. Pourquoi sommes nous descendus dans la rue ? Pour dénoncer la « folie réglementaire » qui s’est emparé de nos gouvernants et menace grandement non seulement nos activités, mais surtout l’économie de l’immobilier dans son ensemble.
Les professionnels de l’immobilier, ce sont 20 000 entreprises, 250 000 emplois de proximité au service de 20 000 000 de clients. Quand les professionnels de l’immobilier sont entravés, c’est tout le logement qui est en danger.
Alors que des pans entiers de l’économie reprennent des couleurs, et que l’activité redémarre, dopée par des conditions de financement attractives et une énergie plus accessible du fait de la baisse du cours du pétrole, notre pays doit lever ses carcans. C’est le sens de la loi Macron en cours de discussion. Elle entend aussi corriger certains errements doctrinaires de la loi ALUR.
Car la sur réglementation et ses excès risquent de stopper la fluidité nécessaire à la reprise de la croissance. Nos lois ressemblent parfois à ces accumulations de feux rouges qui paralysent le trafic de nos villes au lieu de le fluidifier. Elles ne doivent plus constituer un frein à la reprise ou à la gestion efficace des grands enjeux qui nous attendent en matière de logement. Et pourtant, un an après sa promulgation, la loi ALUR contient toujours de nombreuses zones d’ombre et de turbulences.
Dans les grandes lignes, des mesures phares sont soit déjà opérationnelles, soit actées mais inapplicables, car conditionnées à la production des nombreux décrets d’application attendus dans un calendrier indécis.
Les deux mesures les plus dogmatiques et politiques de la loi ALUR que sont l’encadrement des loyers, véritable déni du droit de propriété, et l’instauration d’une GUL (Garantie Universelle des loyers), sorte de sécurité sociale du logement coûteuse en fonds publics et déresponsabilisante pour le locataire, ont été pour la 1ère restreinte dans son champ d’application et pour la 2nde purement et simplement abandonnée.
Pour autant, bien qu’il soit unanimement reconnu que les loyers baissent dans tout l’hexagone, et que l’encadrement des loyers est une mesure injuste et contre productive, il sera expérimenté sur Paris d’ici quelques mois, et la Maire de Lille s’obstine dans sa volonté de l’instaurer sur sa Ville. Ainsi 1 propriétaire bailleur sur 5 pourrait être à court terme privé d’une partie de ses loyers, sans diminution de ses charges. L’idée initiale de la Loi consistant à gommer les excès rencontrés sur les loyers des micro-surfaces parisiennes était certes louable, mais sa généralisation à l’ensemble du marché locatif est une erreur tactique.
Il est temps de dépasser ces débats juridiques et de nous concentrer sur les tendances récentes des marchés du logement, lesquels ne demandent qu’à repartir, pour peu que quelques ajustements se concrétisent.
La location reste tendue. Les loyers baissent partout en France, même à Paris. Au moment de relouer pour une partie du parc inoccupé, les propriétaires doivent apprendre à arbitrer leur patrimoine et choisir entre rénovation ou revente. C’est la condition pour que l’offre rencontre à nouveau la demande.
Côté investisseurs, le dispositif fiscal Pinel qui a succédé au Duflot tarde à décoller, mais il suscite l’intérêt de contribuables désireux de se constituer un patrimoine. Il n’a pas pour l’instant réussi à relancer la production neuve. Pourtant, ici encore, le marché a besoin de cette offre de logements neufs.
Le marché de l’achat-vente dans le parc existant peine à trouver un nouveau souffle. L’ajustement des prix se poursuit à un rythme modéré et raisonnable. Vendeurs et acquéreurs devraient finir par s’accorder et profiter ensemble de conditions d’emprunt exceptionnelles.
Côté copropriété, syndics et conseils syndicaux préparent le grand enjeu de la rénovation énergétique des bâtiments. La baisse des charges est nécessaire pour pérenniser la valeur patrimoniale des appartements anciens qui seront dans quelques temps en concurrence avec des logements modernes, peu énergivores. La concurrence entre le neuf et l’ancien se jouera de plus en plus sur le terrain de l’énergie, du confort et des coûts de fonctionnement.
Autant de thèmes et d’idées positives sur lesquels nous ne demandons qu’à nous concentrer, qui requièrent plus de confiance et de considération de la part du pouvoir politique envers les professionnels du logement. Le marché est présent, soyons inventifs.
Eric DERELY
Président de SERGIC