Pourquoi les villes en France sont bien souvent teintées d’une couleur uniforme oscillant entre le beige, le blanc et le gris ? Faisons le point ensemble !
Beaucoup d’immeubles ont été construits juste à l’après-guerre, la priorité était alors de reloger au plus vite la population, incitant à la standardisation des constructions et des teintes. Des couleurs claires et uniformes facilitaient également l’entretien des façades, souvent en béton, alors que les peintures très colorées n’avaient pas encore la longévité d’aujourd’hui.
Les couleurs beige, blanc et gris étaient et sont toujours les couleurs compatibles avec toutes les architectures des régions françaises, autorisées en régions Île-de-France –Champagne – Centre, car proches des teintes des pierres de taille blanches, ocres et dorées de ces régions, également compatibles avec le tuffeau blanc des Pays de Loire et du Tarn, le beige des briques du Pisé en Charentes, le Gris du granit Breton, des pierres Auvergnates et Aveyronnaises, ainsi que, les ocres du Sud de la France. Les façades blanches sont également privilégiées dans le Nord, la Normandie, etc. De manière générale, pour être autorisées, les constructions doivent être réalisées selon les coloris de l’architecture locale (Briques du Nord, pierres calcaires, maisons à pans de bois en Alsace, Ocres en région méditerranéenne), ou par défaut en beige, blanc ou gris.
Enfin, la réglementation française est l’une des plus contraignantes au monde, plutôt teintée de classicisme à la française que de couleurs chatoyantes.
Et pourtant, comme l’affirmait Henri Matisse, « un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie. »
Depuis quelques années, certaines personnes tentent de faire bouger les choses. Ainsi, en Chine, en Indonésie, en Australie, les acteurs de l’immobilier s’organisent pour promouvoir la couleur des façades dans la cité.
En France aussi, des expériences remarquables sont en cours. Exit le gris et les façades moroses au Creusot à travers la mise en place par la municipalité du « plan couleur ». Plusieurs façades ont été repeintes pour égayer le quotidien et lutter contre la monotonie visuelle.
Belle expérience à Saint-Pierre-des-Corps, où la municipalité a assouplit les règles d’autorisation concernant les teintes des façades avec une palette de couleurs plus étendue.
A Paris également, rue de la glacière dans le 13ème Arrondissement, où se trouve un immeuble paré d’un rouge éclatant.
Beaucoup de villes ont assoupli les règles d’attribution de permis concernant les couleurs de façades des immeubles, que ce soit dans la construction neuve ou dans la rénovation dans l’ancien.
De nouvelles spécialités se sont même créées pour accompagner le mouvement, comme la profession d’architecte-coloriste dont le rôle est de conseiller les copropriétés, les bailleurs sociaux et les municipalités dans leur projet de colorisation de leurs façades.
Il a été démontré depuis longtemps que les couleurs et la lumière ambiante influencent la manière dont le cerveau traite des stimulations émotionnelles. Sans aller jusqu’à soigner, certaines couleurs semblent donc agir sur notre bien-être. Le bleu calmerait et chasserait le stress, le vert apaiserait, le jaune favoriserait la concentration, l’orange stimulerait la bonne humeur, le rouge favoriserait la créativité mais aussi … l’énervement !
Alors, si l’extérieur de votre immeuble ou de votre maison avait besoin d’un peu d’entretien, pourquoi n’envisageriez-vous pas de mettre un peu de couleur ?
Aspects réglementaires concernant la copropriété : La loi du 10 juillet 1965 sur la copropriété impose aux copropriétaires d’entretenir la façade de leur immeuble et de la maintenir constamment en bon état de propreté (cf Code de la construction et de l’habitation, Article L152-11).
Toute modification de l’aspect extérieur du bâtiment devra être préalablement autorisée par l’assemblée générale des copropriétaires.
Une autorisation de l’administration sera également, le plus souvent, requise sous la forme d’un permis de construire ou d’une déclaration de travaux. Bien sûr, si l’immeuble se situe dans une zone classée Monument Historique ou inscrite à l’inventaire, il sera nécessaire d’obtenir également l’accord de l’architecte des Bâtiments de France.
Il existe une réglementation stricte au niveau des régions ou des communes concernant la couleur des façades, mais aussi des volets, fenêtres et portes. L’objectif est de maintenir une cohérence au niveau de l’architecture locale et de préserver l’harmonie des quartiers. Chaque maison ou immeuble doit s’intégrer dans son environnement, c’est pourquoi il n’est pas possible de choisir n’importe quelle couleur en façade. Certaines communes font preuve de plus de souplesse que d’autres.
Pour tout projet, il sera donc nécessaire de présenter un nuancier de couleurs en précisant l’enduit utilisé. Le résultat final devra respecter l’architecture et le décor.
Le service urbanisme de chaque commune tient à la disposition de tous les usagers les nuanciers de la palette de couleurs pour les façades, les menuiseries extérieures des portes et des fenêtres, les tuiles et autres couvertures de toit.
Pour faciliter les démarches, les organismes départementaux des Conseils d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement (CAUE) ont pour mission d’informer gratuitement le public sur ce type de sujet.
Enfin, un projet de réhabilitation de façade d’une copropriété s’étale en général sur plusieurs mois. Le syndic de copropriété aura un rôle crucial de coordinateur et de conseil à jouer afin d’obtenir une décision partagée entre tous les copropriétaires sur les coloris, réaliser le dossier administratif, obtenir les autorisations nécessaires, monter le dossier de financement si nécessaire et suivre les travaux à réaliser.
Et vous, avez-vous des photos de façades d’immeubles originales, colorées ? N’hésitez pas à les partager !